Fascicule 134, Les années de transition

   
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Le Livre d’Urantia

Fascicule 134

Les années de transition

134:0.1 (1483.1) DURANT son voyage méditerranéen, Jésus avait soigneusement étudié les personnes rencontrées et les pays traversés, et c’est à peu près à cette époque qu’il parvint à sa décision finale concernant le reste de sa vie sur terre. Il avait pleinement considéré et désormais définitivement approuvé le plan prévoyant qu’il naitrait de parents juifs en Palestine. Il revint donc délibérément en Galilée pour attendre le commencement de son œuvre d’instructeur public de la vérité. Il se mit à faire des projets en vue d’une carrière publique dans le pays du peuple de son père Joseph, et agit en l’espèce selon son propre libre arbitre.

134:0.2 (1483.2) Par expérience personnelle et humaine, Jésus était arrivé à la conclusion que, dans tout le monde romain, la Palestine était le meilleur endroit pour développer les derniers chapitres de sa vie terrestre et en jouer les scènes finales. Pour la première fois, il fut pleinement satisfait du programme consistant à manifester ouvertement sa vraie nature et à révéler son identité divine parmi les Juifs et les Gentils de sa Palestine natale. Il décida définitivement de terminer sa vie terrestre et de parachever sa carrière d’existence mortelle dans le pays même où il avait commencé son expérience humaine en tant que bébé sans défense. Sa carrière sur Urantia avait débuté parmi les Juifs de Palestine ; il choisit de terminer également sa vie en Palestine et parmi les Juifs.

1. La trentième année (an 24)

134:1.1 (1483.3) Après avoir pris congé de Gonod et de Ganid à Charax (en décembre de l’an 23), Jésus revint par Ur à Babylone, où il se joignit à une caravane du désert qui faisait route vers Damas. De Damas, il alla à Nazareth s’arrêtant à Capharnaüm quelques heures seulement pour rendre visite à la famille de Zébédée. Il y rencontra son frère Jacques, venu quelque temps auparavant travailler à sa place au chantier naval de Zébédée. Après s’être entretenu avec Jacques et Jude (qui se trouvait aussi par hasard à Capharnaüm) et après avoir remis à son frère Jacques la petite maison que Jean Zébédée avait réussi à acheter, Jésus continua son chemin vers Nazareth.

134:1.2 (1483.4) À la fin de son voyage méditerranéen, Jésus avait reçu assez d’argent pour faire face à son entretien presque jusqu’au commencement de son ministère public. Mais, en dehors de Zébédée à Capharnaüm et des gens que Jésus rencontra au cours de cette tournée extraordinaire, le monde ne sut jamais qu’il avait fait ce voyage. Sa famille crut toujours qu’il avait passé son temps à étudier à Alexandrie. Jésus ne confirma jamais cette croyance et ne réfuta pas non plus ouvertement ce malentendu.

134:1.3 (1483.5) Durant son séjour de quelques semaines à Nazareth, Jésus s’entretint avec sa famille et ses amis, passa quelque temps à l’atelier de réparations avec son frère Joseph, mais se consacra, en majeure partie, à Marie et à Ruth. Ruth approchait de ses quinze ans, et c’était la première occasion pour Jésus de causer longuement avec elle depuis qu’elle était devenue jeune femme.

134:1.4 (1484.1) Depuis quelque temps, Simon et Jude désiraient tous deux se marier, mais il leur avait déplu de le faire sans le consentement de Jésus. Ils avaient donc retardé l’évènement, espérant le prochain retour de leur frère ainé. Bien que tous aient considéré Jacques comme le chef de la famille dans la plupart des affaires, quand il s’était agi de se marier, ils voulaient la bénédiction de Jésus. Le double mariage de Simon et de Jude fut donc célébré, en une seule cérémonie, au début de mars de l’an 24. Tous les ainés étaient maintenant mariés ; seule Ruth la cadette restait à la maison avec Marie.

134:1.5 (1484.2) Jésus s’entretint tout naturellement et normalement avec les divers membres de sa famille, mais, quand ils étaient tous réunis, il avait si peu de choses à dire qu’ils en firent la remarque entre eux. Marie surtout était déconcertée par la conduite particulièrement étrange de son fils ainé.

134:1.6 (1484.3) Au moment où Jésus se préparait à quitter Nazareth, le conducteur d’une importante caravane qui passait par la ville tomba gravement malade, et Jésus, connaissant les langues étrangères, s’offrit pour le remplacer. Ce voyage nécessitait son absence pendant une année ; puisque tous ses frères étaient mariés et que sa mère vivait seule au foyer avec Ruth, Jésus réunit un conseil de famille auquel il proposa que sa mère et Ruth aillent vivre à Capharnaüm dans la maison qu’il avait tout récemment donnée à Jacques. En conséquence, quelques jours après que Jésus fut parti avec la caravane, Marie et Ruth allèrent s’installer à Capharnaüm, où elles vécurent durant le reste de la vie de Marie dans la maison fournie par Jésus. Joseph et sa famille emménagèrent dans la vieille maison familiale de Nazareth.

134:1.7 (1484.4) Cette année fut l’une des plus exceptionnelles dans l’expérience intérieure du Fils de l’Homme ; il fit de grands progrès dans la réalisation d’une harmonie fonctionnelle entre son mental humain et son Ajusteur intérieur. L’Ajusteur avait été activement occupé à réorganiser les pensées de Jésus et à apprêter son mental en vue des grands évènements qui se situaient alors dans le proche avenir. La personnalité de Jésus se préparait à son grand changement d’attitude envers le monde. C’était la période intermédiaire, le stade de transition entre l’être ayant commencé sa vie en tant que Dieu apparaissant comme un homme, et qui s’apprêtait maintenant à parachever sa carrière terrestre en tant qu’homme apparaissant comme Dieu.

2. Le voyage par caravane à la mer Caspienne

134:2.1 (1484.5) Ce fut au premier avril de l’an 24 que Jésus quitta Nazareth pour le voyage en caravane qui devait le mener jusqu’à la région de la mer Caspienne. La caravane à laquelle Jésus s’était joint comme conducteur partait de Jérusalem pour la région située au sud-est de la mer Caspienne en passant par Damas et le lac Urmia, et en traversant l’Assyrie, la Médie et la Parthie. Il s’écoula une année entière avant qu’il ne revînt de cette expédition.

134:2.2 (1484.6) Pour Jésus, ce voyage en caravane était une nouvelle aventure d’exploration et de ministère personnel. Il eut une expérience intéressante avec la famille formée par les membres de sa caravane — passagers, gardes et conducteurs de chameaux. Des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants habitant aux abords de la route suivie par la caravane vécurent une vie plus riche par suite de leur contact avec Jésus, pour eux, le chef extraordinaire d’une caravane ordinaire. Ceux qui bénéficièrent de son ministère personnel en ces occasions n’en tirèrent pas tous profit, mais, en grande majorité, ceux qui le rencontrèrent et lui parlèrent furent améliorés pour le restant de leur vie terrestre.

134:2.3 (1484.7) Parmi tous ses voyages dans le monde, cette expédition vers la mer Caspienne fut celle qui amena Jésus le plus près de l’Orient et lui permit d’acquérir une meilleure compréhension des peuples d’Extrême-Orient. Il prit des contacts intimes et personnels avec des membres de chacune des races survivantes sur Urantia, sauf la rouge. Son ministère personnel lui procura le même plaisir auprès de chacune de ces races variées et de ces peuplades mélangées, et toutes furent réceptives à la vérité vivante qu’il leur apportait. Les Européens d’Extrême-Occident aussi bien que les Asiatiques d’Extrême-Orient prêtèrent attention à ses paroles d’espoir et de vie éternelle ; ils furent tous également influencés par la vie de service aimant et de ministère spirituel qu’il vivait parmi eux avec tant de bienveillance.

134:2.4 (1485.1) Le voyage de la caravane fut réussi à tous points de vue. Ce fut un épisode des plus intéressants dans la vie humaine de Jésus, car, durant cette année, il joua un rôle exécutif en étant responsable des biens matériels confiés à sa charge et de la sauvegarde des voyageurs de la caravane. Il accomplit ses multiples devoirs avec une fidélité, une efficacité et une sagesse extrêmes.

134:2.5 (1485.2) À son retour de la région Caspienne, Jésus abandonna la direction de la caravane après être arrivé au lac Urmia, où il s’arrêta un peu plus de deux semaines. Il revint à Damas comme voyageur avec une autre caravane dont les propriétaires des chameaux lui demandèrent de rester à leur service. Déclinant cette offre, il continua son voyage avec le train de la caravane jusqu’à Capharnaüm, où il arriva le 1er avril de l’an 25. Il ne considérait plus Nazareth comme son foyer. Capharnaüm était devenu le foyer de Jésus, Jacques, Marie et Ruth, mais Jésus ne vécut plus jamais avec sa famille. Quand il se trouvait à Capharnaüm, il habitait chez les Zébédée.

3. Les conférences d’Urmia

134:3.1 (1485.3) En route vers la mer Caspienne, Jésus s’était arrêté à la vieille ville persane d’Urmia, sur la rive ouest du lac du même nom, pour laisser à sa caravane quelques jours de repos et de récupération. Sur la plus grande ile d’un petit archipel proche de la côte au voisinage d’Urmia, se trouvait un vaste bâtiment — un amphithéâtre de conférences — consacré à « l’esprit de la religion ». Cet édifice était en réalité un temple de la philosophie des religions.

134:3.2 (1485.4) Ce temple de la religion avait été bâti par un riche négociant d’Urmia et ses trois fils. Cet homme, du nom de Cymboyton, comptait, parmi ses ancêtres, des gens de souches très variées.

134:3.3 (1485.5) Dans cette école de religion, les conférences et les discussions commençaient tous les jours de la semaine à 10 heures du matin. Les sessions de l’après-midi débutaient à 3 heures, et les débats du soir s’ouvraient à 8 heures. Cymboyton, ou l’un de ses trois fils, présidait toujours ces réunions d’enseignement, de discussions et de débats. Le fondateur de cette extraordinaire école religieuse vécut et mourut sans jamais avoir révélé ses croyances religieuses personnelles.

134:3.4 (1485.6) À plusieurs reprises, Jésus participa aux discussions et, avant son départ d’Urmia, Cymboyton convint avec Jésus qu’à son voyage de retour, il séjournerait deux semaines à Urmia et ferait vingt-quatre conférences sur « La Fraternité des Hommes ». Jésus devait aussi diriger douze sessions du soir comportant des questions, des discussions et des débats sur ses conférences en particulier, et sur la fraternité des hommes en général.

134:3.5 (1485.7) Conformément à cet arrangement, Jésus s’arrêta à son voyage de retour et donna ces conférences. De tous les enseignements du Maitre sur Urantia, ceux-ci furent les plus systématiques et les plus formels. Jamais auparavant, ni plus tard, il ne développa un sujet aussi longuement qu’au cours de ces conférences et discussions sur la fraternité des hommes. En réalité, ces conférences concernaient le « Royaume de Dieu » et les « Royaumes des Hommes. »

134:3.6 (1486.1) Plus de trente religions et cultes religieux étaient représentés à la faculté de ce temple de philosophie religieuse. Les éducateurs étaient choisis, entretenus et pleinement accrédités par leurs groupes religieux respectifs. À ce moment-là, il y avait environ soixante-quinze maitres à la faculté, et ils vivaient dans des chalets abritant chacun une douzaine de personnes. À chaque nouvelle lune, on changeait les groupes par tirage au sort. L’intolérance, l’esprit de chicane ou toute autre tendance à contrecarrer la bonne marche de la communauté provoquaient le congédiement prompt et sommaire de l’enseignant fautif. On le renvoyait sans cérémonie et l’on installait immédiatement le suivant à sa place.

134:3.7 (1486.2) Ces instructeurs des diverses religions faisaient un grand effort pour montrer la similitude de leurs religions en ce qui concernait les éléments fondamentaux de la vie présente et de la vie future. Pour obtenir un siège à cette faculté, il suffisait d’accepter une seule doctrine — chaque maitre devait représenter une religion qui reconnaissait Dieu — une sorte de Déité suprême. Il y avait cinq maitres indépendants qui ne représentaient aucune religion organisée, et c’est à ce titre que Jésus apparut devant la faculté.

134:3.8 (1486.3) [Lorsque nous, les médians, eûmes préparé le résumé des enseignements de Jésus à Urmia, il s’éleva un désaccord entre les séraphins des églises et les séraphins du progrès sur l’opportunité d’inclure ces enseignements dans la Révélation d’Urantia. Les conditions qui prévalent au vingtième siècle, tant dans les religions que dans les gouvernements humains, sont si différentes de celles de l’époque de Jésus qu’il était, en vérité, difficile d’adapter les enseignements du Maitre à Urmia aux problèmes du royaume de Dieu et des royaumes des hommes tels que ces fonctions mondiales existent au vingtième siècle. Nous ne fûmes jamais capables de formuler les enseignements du Maitre d’une manière acceptable simultanément par ces deux groupes de séraphins du gouvernement planétaire. Finalement, le Melchizédek président de la commission de révélation nomma un comité de trois médians de notre ordre pour présenter notre point de vue sur les enseignements du Maitre à Urmia adaptés aux conditions religieuses et politiques du vingtième siècle sur Urantia. En conséquence, les trois médians secondaires, que nous sommes, parachevèrent cette adaptation des enseignements de Jésus en reformulant ses déclarations de la manière dont nous les appliquerions aux conditions du monde d’aujourd’hui. Nous donnons maintenant ces exposés tels qu’ils se présentent après avoir été revus par le Melchizédek président de la commission de révélation.]

4. La souveraineté — divine et humaine

134:4.1 (1486.4) La fraternité des hommes est fondée sur la paternité de Dieu. La famille de Dieu tire son origine de l’amour de Dieu — Dieu est amour. Dieu le Père aime divinement ses enfants, sans en excepter aucun.

134:4.2 (1486.5) Le royaume des cieux, le gouvernement divin, est fondé sur le fait de la souveraineté divine — Dieu est esprit. Puisque Dieu est esprit, ce royaume est spirituel. Le royaume des cieux n’est ni matériel ni purement intellectuel ; il est une relation spirituelle entre Dieu et l’homme.

134:4.3 (1486.6) Si des religions différentes reconnaissent la souveraineté spirituelle de Dieu le Père, alors toutes ces religions demeureront en paix. C’est seulement quand une religion prétend avoir une certaine supériorité sur toutes les autres et posséder une autorité exclusive sur elles qu’elle se permet de ne pas tolérer les autres religions ou qu’elle ose persécuter leurs fidèles.

134:4.4 (1487.1) La paix religieuse — la fraternité — ne peut jamais exister sans que toutes les religions soient disposées à se dépouiller de toute autorité ecclésiastique et à abandonner entièrement tout concept de souveraineté spirituelle. Dieu seul est esprit souverain.

134:4.5 (1487.2) Pour qu’il y ait égalité entre les religions (liberté religieuse) sans guerres de religion, il faut que toutes les religions consentent à transférer toute la souveraineté religieuse à un niveau suprahumain, à Dieu lui-même.

134:4.6 (1487.3) Le royaume des cieux dans le cœur des hommes créera l’unité religieuse (mais pas nécessairement l’uniformité) parce que chaque collectivité religieuse composée de tels fidèles sera dégagée de toute notion d’autorité ecclésiastique — de souveraineté religieuse.

134:4.7 (1487.4) Dieu est esprit, et Dieu donne un fragment de son moi spirituel pour habiter le cœur de l’homme. Spirituellement, tous les hommes sont égaux. Le royaume des cieux est dépourvu de castes, de classes, de niveaux sociaux et de groupes économiques. Vous êtes tous frères.

134:4.8 (1487.5) Mais, dès le moment où vous perdrez de vue la souveraineté spirituelle de Dieu le Père, une religion donnée commencera à affirmer sa supériorité sur toutes les autres. Alors, au lieu de paix sur terre et de bonne volonté parmi les hommes, commenceront les dissensions, les récriminations et même les guerres de religion, ou du moins les guerres entre religionistes.

134:4.9 (1487.6) À moins qu’ils ne se reconnaissent mutuellement comme soumis à une certaine supersouveraineté, à une certaine autorité qui les dépasse, des êtres doués de libre arbitre et se considérant comme des égaux sont, tôt ou tard, tentés de mettre à l’essai leur aptitude à gagner pouvoir et autorité sur d’autres personnes et d’autres groupes. Le concept d’égalité n’apporte jamais la paix, sauf dans la récognition mutuelle d’une supersouveraineté dont l’influence est dominante.

134:4.10 (1487.7) Les religionistes d’Urmia vivaient ensemble dans une paix et une tranquillité relatives parce qu’ils avaient totalement renoncé à toutes leurs notions de souveraineté religieuse. Spirituellement, ils croyaient tous en un Dieu souverain ; socialement, ils se soumettaient à l’autorité entière et incontestable de leur président Cymboyton. Ils savaient bien ce qui arriverait à tout enseignant qui chercherait à en imposer à ses collègues. Aucune paix religieuse durable ne peut s’établir sur Urantia avant que toutes les collectivités religieuses ne renoncent librement à leurs notions de faveur divine, de peuple élu et de souveraineté religieuse. C’est seulement quand Dieu le Père deviendra suprême que les hommes deviendront des frères en religion et vivront ensemble sur terre dans la paix religieuse.

5. La souveraineté politique

134:5.1 (1487.8) [Alors que l’enseignement du Maitre concernant la souveraineté de Dieu est une vérité — mais compliquée par l’apparition subséquente d’une religion à propos de lui parmi les religions du monde — par contre, ses exposés concernant la souveraineté politique sont immensément compliqués par l’évolution de la politique de la vie des nations durant les dix-neuf derniers siècles. À l’époque de Jésus, il n’y avait que deux grandes puissances mondiales — l’Empire romain en Occident et l’Empire de Han en Orient — et elles étaient largement séparées par le royaume des Parthes et par d’autres contrées interposées des régions de la Caspienne et du Turkestan. Dans l’exposé qui suit, nous nous sommes donc écartés davantage de la substance des enseignements du Maitre à Urmia concernant la souveraineté politique ; en même temps, nous nous sommes efforcés de décrire l’importance de ces enseignements tels qu’ils sont applicables au stade particulièrement critique de l’évolution de la souveraineté politique au vingtième siècle après le Christ.]

134:5.2 (1487.9) La guerre sur Urantia ne prendra jamais fin tant que les nations s’attacheront à la notion illusoire de souveraineté nationale illimitée. Il n’existe que deux niveaux de souveraineté relative sur un monde habité : le libre arbitre spirituel de chaque individu mortel et la souveraineté collective de l’ensemble de l’humanité. Entre le niveau de l’être humain individuel et celui de l’humanité en bloc, tous les groupements et associations sont relatifs, transitoires et n’ont de valeur que dans la mesure où ils accroissent le bonheur, le bienêtre et le progrès des individus et du grand ensemble planétaire — de l’homme et de l’humanité.

134:5.3 (1488.1) Les éducateurs religieux ne doivent jamais oublier que la souveraineté spirituelle de Dieu l’emporte sur tous les loyalismes spirituels intermédiaires et interposés. Les dirigeants civils apprendront, un jour, que les Très Hauts règnent dans les royaumes des hommes.

134:5.4 (1488.2) Ce règne des Très Hauts dans les royaumes des hommes n’est pas établi au bénéfice spécial d’un groupe de mortels particulièrement favorisés. Il n’y a nulle part de « peuple élu ». Le règne des Très Hauts, des supercontrôleurs de l’évolution politique, est destiné à promouvoir, parmi tous les hommes, le plus grand bien pour le plus grand nombre et pour une durée aussi longue que possible.

134:5.5 (1488.3) La souveraineté est le pouvoir ; elle grandit par organisation. La croissance de l’organisation du pouvoir politique est bonne et souhaitable, car elle tend à englober des secteurs toujours plus vastes de l’ensemble de l’humanité. Mais cette même croissance des organisations politiques crée un problème à chaque stade intermédiaire entre l’organisation initiale et naturelle du pouvoir politique — la famille — et le couronnement final de la croissance politique — le gouvernement de toute l’humanité par toute l’humanité et pour toute l’humanité.

134:5.6 (1488.4) Partant du pouvoir parental dans le groupe familial, la souveraineté politique évolue par organisation à mesure que les familles s’imbriquent en clans consanguins qui s’unissent, pour diverses raisons, en unités tribales — en groupements politiques superconsanguins. Ensuite, par le négoce, le commerce et la conquête, les tribus s’unifient en une nation, tandis que les nations elles-mêmes sont parfois unifiées en un empire.

134:5.7 (1488.5) À mesure que la souveraineté passe des petits groupes à des collectivités plus vastes, les guerres se font plus rares. Nous voulons dire que les guerres mineures entre petites nations diminuent, mais le potentiel des grandes guerres s’accroit à mesure que les nations exerçant la souveraineté deviennent de plus en plus grandes. Bientôt, quand le monde entier aura été exploré et occupé, quand les nations seront peu nombreuses, fortes et puissantes, quand ces grandes nations se prétendant souveraines en viendront à posséder des frontières communes, quand elles ne seront séparées que par les océans, alors la scène sera prête pour des guerres majeures, des conflits mondiaux. Les nations dites souveraines ne peuvent se coudoyer sans engendrer des conflits et provoquer des guerres.

134:5.8 (1488.6) La difficulté pour faire évoluer la souveraineté politique depuis la famille jusqu’à l’humanité entière réside dans l’inertie-résistance rencontrée à tous les niveaux intermédiaires. À l’occasion, des familles ont défié leur clan et, de leur côté, des clans et des tribus ont souvent refusé de se soumettre à la souveraineté de l’État territorial. Chaque nouveau progrès évolutif de la souveraineté politique est (et a toujours été) embarrassé et gêné par les « stades d’échafaudage » des développements antérieurs de l’organisation politique. Cela est vrai parce que les loyalismes humains, une fois mobilisés, sont difficiles à modifier. Le même loyalisme qui rend possible l’évolution de la tribu rend difficile l’évolution de la « supertribu » — l’État territorial. Et le même loyalisme (le patriotisme) qui rend possible l’évolution de l’État territorial complique immensément le développement évolutionnaire du gouvernement de l’ensemble de l’humanité.

134:5.9 (1488.7) La souveraineté politique est créée grâce à l’abandon de l’autodétermination, d’abord par l’individu à l’intérieur de la famille, et ensuite par les familles et clans par rapport à la tribu et aux collectivités plus étendues. Ce transfert progressif de l’autodétermination à des organisations politiques toujours plus vastes s’est généralement poursuivi sans répit en Orient depuis l’établissement des dynasties Ming et Mogol. En Occident, il a prévalu, pendant plus de mille ans, jusqu’à la fin de la guerre mondiale ; un malencontreux mouvement rétrograde inversa ensuite temporairement cette tendance normale en rétablissant la souveraineté politique effondrée de nombreux petits groupes en Europe.

134:5.10 (1489.1) Urantia ne jouira pas d’une paix durable avant que les nations dites souveraines ne remettent intelligemment et pleinement leurs pouvoirs souverains à la fraternité des hommes — au gouvernement de l’humanité. L’internationalisme — les ligues des nations — est impuissant à amener une paix permanente parmi les hommes. Les confédérations mondiales de nations empêcheront efficacement les guerres mineures et contrôleront acceptablement les petites nations, mais elles ne réussiront ni à empêcher les guerres mondiales, ni à contrôler les trois, quatre ou cinq gouvernements les plus puissants. En face de conflits réels, l’une de ces puissances mondiales se retirera de la Ligue et déclarera la guerre. On ne peut empêcher les nations de se lancer dans la guerre tant qu’elles restent contaminées par le virus illusoire de la souveraineté nationale. L’internationalisme est un pas dans la bonne direction. Une force de police internationale empêchera bien des guerres mineures, mais elle sera inefficace pour empêcher les guerres majeures, les conflits entre les grands gouvernements militaires de la terre.

134:5.11 (1489.2) À mesure que décroit le nombre des nations vraiment souveraines (des grandes puissances), l’opportunité et le besoin d’un gouvernement de l’humanité s’accroissent. Quand il n’y aura plus que quelques puissances réellement souveraines (grandes), il faudra soit qu’elles s’embarquent dans une lutte à mort pour la suprématie nationale (impériale), soit qu’en abandonnant volontairement certaines prérogatives de souveraineté, elles créent le noyau essentiel d’un pouvoir supranational qui servira de commencement à la souveraineté réelle de toute l’humanité.

134:5.12 (1489.3) La paix ne viendra pas sur Urantia avant que chaque nation dite souveraine n’abandonne son pouvoir de faire la guerre entre les mains d’un gouvernement représentatif de toute l’humanité. La souveraineté politique est innée chez les peuples du monde. Quand tous les peuples d’Urantia créeront un gouvernement mondial, ils auront le droit et le pouvoir de le rendre SOUVERAIN. Et, quand une telle puissance mondiale représentative ou démocratique contrôlera les forces terrestres, aériennes et navales du monde, la paix sur terre et la bonne volonté parmi les hommes pourront prévaloir — mais pas avant cela.

134:5.13 (1489.4) Citons un exemple marquant du dix-neuvième et du vingtième siècle. Les quarante-huit États de l’Union fédérale américaine jouissent de la paix depuis longtemps. Ils n’ont plus de guerres entre eux. Ils ont abandonné leur souveraineté au gouvernement fédéral et, par la force des armes, ils ont renoncé à toute prétention aux illusions de l’autodétermination. Chaque État règle ses affaires intérieures, mais ne s’occupe pas des affaires étrangères, des tarifs de douane, de l’immigration, des questions militaires, ni du commerce entre États. Les États individuels ne s’occupent pas non plus des questions de citoyenneté. Les quarante-huit États ne souffrent des ravages de la guerre que si la souveraineté du gouvernement fédéral est soumise à quelque danger.

134:5.14 (1489.5) Ayant abandonné les sophismes jumeaux de la souveraineté et de l’autodétermination, ces quarante-huit États jouissent entre eux de la paix et de la tranquillité. De même, les nations d’Urantia commenceront à jouir de la paix quand elles abandonneront librement leurs souverainetés respectives entre les mains d’un gouvernement global — la souveraineté de la fraternité des hommes. Dans ces conditions mondiales, les petites nations seront aussi puissantes que les grandes, de même que le petit État de Rhode Island a ses deux sénateurs au congrès américain exactement comme l’État populeux de New York ou le vaste État du Texas.

134:5.15 (1490.1) La souveraineté (d’État) limitée de ces quarante-huit États fut créée par les hommes et pour les hommes. La souveraineté superétatique (nationale) de l’Union fédérale américaine fut créée par les treize premiers de ces États dans leur propre intérêt et dans l’intérêt des hommes. Un jour, la souveraineté supranationale du gouvernement planétaire de l’humanité sera créée d’une manière similaire par des nations dans leur propre intérêt et dans l’intérêt de tous les hommes.

134:5.16 (1490.2) Les citoyens ne naissent pas dans l’intérêt des gouvernements ; ce sont les gouvernements qui sont créés et établis dans l’intérêt des hommes. L’évolution de la souveraineté politique ne saurait avoir fin avant l’apparition du gouvernement de la souveraineté de tous les hommes. Toutes les autres souverainetés ont des valeurs relatives, des significations intermédiaires et un statut subordonné.

134:5.17 (1490.3) Avec le progrès scientifique, les guerres vont devenir de plus en plus dévastatrices jusqu’à équivaloir presque à un suicide racial. Combien faudra-t-il faire de guerres mondiales, et combien faudra-t-il voir échouer de ligues des nations avant que les hommes soient disposés à établir le gouvernement de l’humanité, à commencer à jouir des bénédictions d’une paix permanente et à prospérer grâce à la tranquillité due à la bonne volonté — la bonne volonté mondiale — parmi les hommes ?

6. La loi, la liberté et la souveraineté

134:6.1 (1490.4) Si un homme désire ardemment son indépendance — la liberté — il doit se rappeler que tous les autres hommes souhaitent vivement la même indépendance. Des groupes de mortels aimant ainsi la liberté ne peuvent vivre ensemble en paix qu’en se soumettant aux lois, règles et règlements qui assureront à chacun le même degré d’indépendance, tout en sauvegardant ce même degré d’indépendance pour tous leurs semblables mortels. Si un homme devait être absolument libre, alors il faudrait qu’un autre devienne absolument esclave. La nature relative de la liberté est vraie dans les domaines sociaux, économiques et politiques. La liberté est le don de la civilisation rendu possible par l’application de la LOI.

134:6.2 (1490.5) La religion rend spirituellement possible de réaliser la fraternité des hommes, mais il faudra un gouvernement de l’humanité pour régler les problèmes sociaux, économiques et politiques associés à ce but d’efficacité et de bonheur humains.

134:6.3 (1490.6) Il y aura des guerres et des rumeurs de guerres — une nation s’élèvera contre une nation — tant que la souveraineté politique du monde sera divisée et injustement détenue par un groupe d’États-nations. L’Angleterre, l’Écosse et le Pays de Galles furent constamment en guerre les uns contre les autres jusqu’au jour où ils abandonnèrent leurs souverainetés respectives en les confiant au Royaume-Uni.

134:6.4 (1490.7) Une nouvelle guerre mondiale va enseigner aux nations soi-disant souveraines à former une sorte de fédération, ce qui créera un mécanisme permettant d’éviter les petites guerres, les guerres entre nations secondaires ; mais les guerres générales se poursuivront jusqu’à la création du gouvernement de l’humanité. La souveraineté globale empêchera les guerres globales — rien d’autre ne peut le faire.

134:6.5 (1490.8) Les quarante-huit États américains libres vivent ensemble en paix, et cependant ils abritent des citoyens de toutes les races et nationalités alors que, chez les nations européennes, celles-ci sont perpétuellement en guerre. Ces Américains représentent à peu près toutes les religions, toutes les sectes religieuses et tous les cultes de l’ensemble du vaste monde, et cependant ils vivent ensemble en paix, ici, en Amérique du Nord. Tout ceci est rendu possible parce que ces quarante-huit États ont renoncé à leur souveraineté et abandonné toute notion de prétendus droits à l’autodétermination.

134:6.6 (1490.9) Ce n’est pas une question d’armement ou de désarmement. La question de conscription ou de service militaire volontaire n’entre pas non plus en ligne de compte dans ces problèmes pour maintenir la paix mondiale. Si l’on enlevait aux grandes nations toutes les formes d’armement mécanique moderne et tous les types d’explosifs, elles se battraient à coups de poing, avec des pierres et avec des bâtons tant qu’elles resteraient accrochées à leurs illusions sur le droit divin à la souveraineté nationale.

134:6.7 (1491.1) La guerre n’est pas la grande et terrible maladie de l’homme ; elle est un symptôme, un résultat. La vraie maladie est le virus de la souveraineté nationale.

134:6.8 (1491.2) Les nations d’Urantia n’ont pas possédé de souveraineté réelle ; elles n’ont jamais disposé d’une souveraineté capable de les protéger des ravages et dévastations des guerres mondiales. En formant le gouvernement global de l’humanité, il ne s’agit pas, pour les nations, d’abandonner leur souveraineté, mais plutôt de créer effectivement une souveraineté mondiale, réelle, durable et de bonne foi, qui sera désormais pleinement capable de les protéger de toutes les guerres. Les affaires locales seront traitées par les gouvernements locaux, et les affaires nationales par les gouvernements nationaux ; les affaires internationales seront administrées par le gouvernement planétaire.

134:6.9 (1491.3) La paix mondiale ne saurait être maintenue par des traités, par la diplomatie, par des politiques étrangères, par des alliances ou des équilibres de puissances ni par tout autre type d’expédient jonglant avec la souveraineté du nationalisme. Il faut faire éclore la loi mondiale et la faire appliquer par un gouvernement mondial — par la souveraineté de toute l’humanité.

134:6.10 (1491.4) Sous un gouvernement mondial, les individus jouiront d’une liberté beaucoup plus étendue. Aujourd’hui, les citoyens des grandes puissances sont taxés, règlementés et contrôlés d’une manière presque oppressive. Une grande partie des immixtions actuelles dans les libertés individuelles disparaitra quand les gouvernements nationaux seront disposés, en matière d’affaires internationales, à confier leur souveraineté à un gouvernement général de la planète.

134:6.11 (1491.5) Sous un gouvernement planétaire, les collectivités nationales auront réellement l’occasion de réaliser les libertés personnelles d’une démocratie authentique et d’en jouir. Ce sera la fin du leurre de l’autodétermination. Avec une règlementation globale des monnaies et du commerce, viendra l’ère nouvelle d’une paix à l’échelle mondiale. Un langage commun en sortirait peut-être bientôt, et au moins on aura l’espoir d’avoir, un jour, une religion mondiale, ou des religions ayant un point de vue planétaire.

134:6.12 (1491.6) La sécurité collective n’assurera jamais la paix avant que la collectivité n’englobe toute l’humanité.

134:6.13 (1491.7) La souveraineté politique du gouvernement représentatif de l’humanité amènera une paix durable sur terre, et la fraternité spirituelle de l’homme assurera définitivement la bonne volonté parmi tous les hommes. Il n’existe aucun autre moyen d’obtenir la paix sur terre et la bonne volonté parmi les hommes.

* * *

134:6.15 (1491.8) Après la mort de Cymboyton, ses fils rencontrèrent de grandes difficultés pour maintenir la paix dans leur université. Les répercussions des enseignements de Jésus auraient été beaucoup plus grandes si les éducateurs chrétiens ultérieurs qui professèrent à la faculté d’Urmia avaient fait preuve de plus de sagesse et exercé plus de tolérance.

134:6.16 (1491.9) Le fils ainé de Cymboyton avait appelé à l’aide Abner, de Philadelphie, mais le choix des éducateurs par Abner fut très malheureux, en ce sens qu’ils se montrèrent inflexibles et intransigeants. Ces enseignants cherchèrent à faire dominer leur religion sur les autres croyances. Ils ne soupçonnèrent jamais que les conférences du conducteur de caravane auxquelles on se référait si souvent avaient été faites par Jésus lui-même.

134:6.17 (1491.10) Comme la confusion s’accrut au sein de la faculté, les trois frères retirèrent leur appui financier, et, au bout de cinq ans, l’école ferma. Elle rouvrit plus tard en tant que temple mithriaque et fut finalement incendiée à l’occasion d’une de leurs célébrations orgiaques.

7. La trente-et-unième année (an 25)

134:7.1 (1492.1) Quand Jésus revint de son voyage à la mer Caspienne, il savait que ses déplacements à travers le monde étaient à peu près terminés. Il ne fit plus qu’un voyage hors de Palestine, et ce fut en Syrie. Après un bref séjour à Capharnaüm, il se rendit à Nazareth, où il resta quelques jours pour faire des visites. Au milieu d’avril, il quitta Nazareth pour Tyr. De là, il se dirigea vers le nord en s’arrêtant quelques jours à Sidon, mais sa destination était Antioche.

134:7.2 (1492.2) Ce fut l’année des promenades solitaires de Jésus à travers la Palestine et la Syrie. Au cours de ces pérégrinations, il fut connu sous divers noms dans différentes parties du pays : le charpentier de Nazareth, le constructeur de bateaux de Capharnaüm, le scribe de Damas et l’éducateur d’Alexandrie.

134:7.3 (1492.3) Le Fils de l’Homme vécut plus de deux mois à Antioche, travaillant, observant, étudiant, causant, rendant des services et, pendant tout ce temps, apprenant comment vivent les hommes, comment ils pensent, sentent et réagissent à l’environnement de l’existence humaine. Durant trois semaines de cette période, il travailla comme fabricant de tentes. Au cours de son périple, il resta à Antioche plus longtemps que dans toute autre ville. Dix ans plus tard, quand l’apôtre Paul prêcha à Antioche et entendit ses disciples parler des doctrines du scribe de Damas, il ne soupçonna pas que ses élèves avaient entendu la voix et écouté les enseignements du Maitre lui-même.

134:7.4 (1492.4) Quittant Antioche, Jésus descendit le long de la côte vers le sud jusqu’à Césarée, où il s’arrêta quelques semaines, puis il continua le long de la côte jusqu’à Joppé. De Joppé, il se dirigea vers l’intérieur, passant à Jamnia, Ashdod et Gaza. De Gaza, il prit la piste intérieure vers Béershéba, où il resta une semaine.

134:7.5 (1492.5) Jésus entama ensuite son dernier périple, en tant que personne privée à travers la Palestine, allant de Béershéba dans le sud jusqu’à Dan dans le nord. Au cours de ce voyage vers le nord, il s’arrêta à Hébron, Bethléem (où il vit son lieu de naissance), Jérusalem (il ne visita pas Béthanie), Béeroth, Lébona, Sychar, Shéchem, Samarie, Géba, En-Gannim, Endor et Madon. Traversant Magdala et Capharnaüm, il continua vers le nord, passa à l’est des Eaux de Mérom et se rendit, par Karahta, à Dan ou Césarée de Philippe.

134:7.6 (1492.6) L’Ajusteur de Pensée intérieur conduisit alors Jésus à abandonner les lieux d’habitation des hommes et à se rendre sur le mont Hermon pour y achever de maitriser son mental humain et pour parachever sa consécration totale au reste de l’œuvre de sa vie sur terre.

134:7.7 (1492.7) Ce fut l’une des époques inhabituelles et extraordinaires de la vie du Maitre sur Urantia. Une autre expérience très similaire fut celle par laquelle il passa, seul dans les collines voisines de Pella, tout de suite après son baptême. Cette période d’isolement sur le mont Hermon marqua la fin de sa carrière purement humaine, c’est-à-dire la terminaison technique de son effusion mortelle, tandis que l’isolement ultérieur marqua le commencement de la phase plus divine de son effusion. Jésus vécut seul avec Dieu durant six semaines sur les pentes du mont Hermon.

8. Le séjour sur le mont Hermon

134:8.1 (1492.8) Après avoir passé quelque temps à proximité de Césarée de Philippe, Jésus prépara ses provisions, se procura une bête de somme et embaucha un garçon nommé Tiglath, puis il suivit la route de Damas jusqu’à un village autrefois connu sous le nom de Beth-Jenn, sur les premières hauteurs du mont Hermon. C’est là qu’un peu avant le milieu d’août de l’an 25, il établit son quartier général et, laissant ses provisions à la garde de Tiglath, il fit l’ascension des pentes peu fréquentées de la montagne. Au cours de ce premier jour, Tiglath accompagna Jésus dans sa montée jusqu’à un point déterminé situé à environ 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer où ils construisirent une niche de pierre dans laquelle Tiglath devait déposer de la nourriture deux fois par semaine.

134:8.2 (1493.1) Le premier jour, après qu’il ait quitté Tiglath, Jésus n’avait effectué qu’un court trajet vers le sommet lorsqu’il s’arrêta pour prier. Entre autres choses, il demanda à son Père d’envoyer son gardien séraphique « accompagner Tiglath ». Il sollicita la permission de monter seul vers sa dernière lutte avec les réalités de l’existence mortelle, et sa requête fut exaucée. Il entra dans la grande épreuve, accompagné uniquement de son Ajusteur intérieur pour le guider et le soutenir.

134:8.3 (1493.2) Jésus mangea frugalement durant son séjour sur la montagne ; il ne s’abstint de toute nourriture qu’un jour ou deux de suite. Les êtres suprahumains qui lui firent front sur cette montagne, avec lesquels il lutta en esprit et qu’il vainquit en puissance, étaient réels ; c’étaient ses ennemis implacables du système de Satania ; ils n’étaient nullement des fantasmes de l’imagination issus des divagations intellectuelles d’un mortel affaibli et mourant de faim, incapable de distinguer la réalité d’avec les visions d’un mental dérangé.

134:8.4 (1493.3) Jésus passa les trois dernières semaines d’aout et les trois premières de septembre sur le mont Hermon. Durant ces semaines, il acheva la tâche de mortel d’atteindre les cercles de compréhension mentale et de contrôle de la personnalité. Pendant toute cette période de communion avec son Père céleste, l’Ajusteur intérieur paracheva également les services qui lui avaient été assignés. Le but humain de cette créature terrestre fut alors atteint. Il ne restait qu’à consommer la phase finale d’harmonisation de son mental avec l’Ajusteur.

134:8.5 (1493.4) Après plus de cinq semaines de communion ininterrompue avec son Père du Paradis, Jésus fut absolument assuré de sa nature et convaincu de son triomphe sur les niveaux matériels de manifestation de la personnalité dans l’espace-temps. Il crut pleinement à l’ascendant de sa nature divine sur sa nature humaine et n’hésita pas à l’affirmer.

134:8.6 (1493.5) Vers la fin de son séjour sur la montagne, Jésus demanda à son Père l’autorisation de tenir une conférence avec ses ennemis de Satania en tant que Fils de l’Homme, en tant que Joshua ben Joseph. Cette permission fut accordée. Durant la dernière semaine sur le mont Hermon, la grande tentation, l’épreuve de l’univers, eut lieu. Satan (représentant Lucifer) et Caligastia, le Prince Planétaire rebelle, étaient présents auprès de Jésus et lui furent rendus pleinement visibles. Cette « tentation », cette épreuve finale de loyalisme humain en face des exposés fallacieux de personnalités rebelles, ne concernait ni la nourriture, ni des pinacles de temples ni des actes présomptueux ; elle ne concernait pas les royaumes de ce monde, mais la souveraineté d’un puissant et glorieux univers. Le symbolisme de vos écrits était destiné aux âges arriérés de la pensée infantile du monde. Les générations suivantes devraient comprendre la grande lutte que le Fils de l’Homme livra durant cette journée mouvementée sur le mont Hermon.

134:8.7 (1493.6) Aux nombreuses propositions et contrepropositions des émissaires de Lucifer, Jésus ne fit qu’une seule réponse : « Puisse la volonté de mon Père du Paradis prévaloir et, quant à toi, mon fils rebelle, que les Anciens des Jours te jugent divinement. Je suis ton Créateur-père ; je ne puis guère te juger justement, et tu as déjà méprisé ma miséricorde. Je te remets au jugement des Juges d’un plus grand univers. »

134:8.8 (1494.1) À tous les expédients et compromis suggérés par Lucifer, à toutes les propositions spécieuses au sujet de l’effusion en incarnation, Jésus se borna à répondre : « Que la volonté de mon Père du Paradis soit faite ». Et, lorsque la sévère épreuve fut terminée, le séraphin gardien détaché revint auprès de Jésus et lui apporta son ministère.

134:8.9 (1494.2) Un après-midi de fin d’été, au milieu des arbres et du silence de la nature, Micaël de Nébadon gagna la souveraineté indiscutée de son univers. Ce jour-là, il paracheva la tâche imposée aux Fils Créateurs de vivre pleinement une vie incarnée dans la similitude de la chair mortelle sur les mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Cet accomplissement capital ne fut pas annoncé à l’univers avant son baptême, quelques mois plus tard, mais eut réellement lieu ce jour-là sur la montagne. Quand Jésus descendit de son séjour sur le mont Hermon, la rébellion de Lucifer dans Satania et la sécession de Caligastia sur Urantia étaient pratiquement réglées. Jésus avait payé le prix ultime exigé de lui pour obtenir la souveraineté de son univers. Ce qui, en soi, règle le statut de tous les rebelles et détermine que tout soulèvement futur de cet ordre (s’il s’en produit jamais) pourra être traité sommairement et efficacement. En conséquence, on peut voir que ce qu’on a coutume de nommer la « grande tentation » de Jésus eut lieu quelque temps avant son baptême et non immédiatement après.

134:8.10 (1494.3) À la fin de son séjour sur la montagne, tandis que Jésus en redescendait, il rencontra Tiglath montant au rendez-vous avec la nourriture. Lui faisant faire demi-tour, il dit : « Ma période de repos est terminée ; il faut que je retourne aux affaires de mon Père. » Il était un homme silencieux bien changé en faisant le trajet de retour vers Dan, où il prit congé du garçon en lui faisant cadeau de l’âne. Il se dirigea ensuite vers le sud par le chemin qu’il avait pris pour venir, et se rendit à Capharnaüm.

9. Le temps d’attente

134:9.1 (1494.4) On était maintenant presque à la fin de l’été, à peu près l’époque du jour des propitiations et de la fête des Tabernacles. Jésus eut une réunion de famille à Capharnaüm pendant le sabbat. Le lendemain, il partit pour Jérusalem avec Jean, fils de Zébédée, en passant par l’est du lac et Gérasa, et en descendant la vallée du Jourdain. Tandis qu’en cours de route, il s’entretenait un peu avec son compagnon, Jean remarqua qu’un grand changement s’était opéré en Jésus.

134:9.2 (1494.5) Jésus et Jean s’arrêtèrent pour la nuit à Béthanie, chez Lazare et ses sœurs, et partirent de bonne heure, le lendemain matin, pour Jérusalem. Les deux compagnons, ou tout au moins Jean, passèrent presque trois semaines à Jérusalem et aux environs de la ville. En effet, Jean alla souvent seul à Jérusalem, pendant que Jésus parcourait les collines avoisinantes et s’engageait dans de nombreuses périodes de communion spirituelle avec son Père qui est aux cieux.

134:9.3 (1494.6) Tous deux assistèrent au service solennel du jour des propitiations. Jean fut très impressionné par les cérémonies de cette journée majeure dans le rituel religieux juif, mais Jésus demeura un spectateur pensif et silencieux. Pour le Fils de l’Homme, ce spectacle était pitoyable et pathétique. Il le voyait comme une fausse représentation du caractère et des attributs de son Père céleste. Il considérait les évènements de cette journée comme une parodie des faits de la justice divine et des vérités de la miséricorde infinie. Il brulait du désir de proclamer la vérité au sujet du caractère aimant et du comportement miséricordieux de son Père dans l’univers, mais son fidèle Moniteur le prévint que son heure n’était pas encore venue. Cependant, ce soir-là, à Béthanie, Jésus glissa de nombreuses remarques qui troublèrent beaucoup Jean, lequel ne comprit jamais complètement la véritable signification de ce que Jésus avait dit au cours de leur entretien de cette soirée.

134:9.4 (1495.1) Jésus projeta de rester avec Jean pendant toute la semaine de la fête des Tabernacles. Cette fête était le congé annuel de toute la Palestine, l’époque des vacances juives. Jésus ne participa point aux réjouissances de circonstance, mais il était évident qu’il éprouvait du plaisir et de la satisfaction à voir l’allégresse et la joie des jeunes et des vieux se donner libre cours.

134:9.5 (1495.2) Au milieu de la semaine de célébration et avant la fin des festivités, Jésus prit congé de Jean en disant qu’il désirait se retirer dans les collines, où il pourrait mieux communier avec son Père du Paradis. Jean l’aurait volontiers accompagné, mais Jésus insista pour qu’il demeure jusqu’à la fin des festivités en disant : « Il ne t’est pas demandé de porter le fardeau du Fils de l’Homme ; seul le gardien doit veiller pendant que la ville dort en paix. » Jésus ne revint pas à Jérusalem. Après une semaine presque entière de solitude dans les collines proches de Béthanie, il partit pour Capharnaüm. Sur le chemin de retour, il passa un jour et une nuit, seul, sur les pentes du mont Gilboa, près de l’endroit où le roi Saül s’était suicidé ; quand il arriva à Capharnaüm, il paraissait plus serein qu’en quittant Jean à Jérusalem.

134:9.6 (1495.3) Le lendemain matin, Jésus alla au coffre contenant ses effets personnels, qui étaient restés à l’intérieur de l’atelier de Zébédée, il mit son tablier et se présenta au travail en disant : « Il m’incombe de rester actif en attendant que vienne mon heure. » Et il travailla plusieurs mois au chantier naval, jusqu’en janvier de l’année suivante, aux côtés de son frère Jacques. Après cette période de travail avec Jésus, Jacques n’abandonna plus jamais réellement et entièrement sa foi dans la mission de Jésus, quels que fussent les doutes venus obscurcir sa compréhension de l’œuvre de la vie du Fils de l’Homme.

134:9.7 (1495.4) Durant cette période finale de travail au chantier naval, Jésus passa la majeure partie de son temps à la finition intérieure de quelques grands bateaux. Il mettait tous ses soins à son travail manuel et paraissait éprouver la satisfaction des accomplissements humains quand il avait terminé une belle pièce. Il ne perdait pas de temps à des détails, mais, quand il s’agissait de l’essentiel dans une entreprise donnée, il était un ouvrier méticuleux.

134:9.8 (1495.5) Le temps passant, des rumeurs parvinrent à Capharnaüm au sujet d’un certain Jean qui prêchait en baptisant des pénitents dans le Jourdain. Jean disait : « Le royaume des cieux est à portée de la main ; repentez-vous et soyez baptisés. » Jésus prêta l’oreille à ces comptes rendus, tandis que Jean remontait lentement la vallée du Jourdain depuis le gué de la rivière la plus proche de Jérusalem. Mais Jésus continua à travailler à la construction des bateaux, jusqu’au moment où Jean eut remonté la rivière jusqu’à un endroit proche de Pella, au mois de janvier de l’an 26. Alors, Jésus déposa ses outils en déclarant « Mon heure est venue », et il se présenta bientôt à Jean pour être baptisé.

134:9.9 (1495.6) Un grand changement s’était opéré en Jésus. Rares furent les gens qui, ayant bénéficié de ses visites et de son aide pendant qu’il parcourait le pays de long en large, reconnurent ultérieurement, dans l’éducateur public, la même personne qu’ils avaient connue et aimée comme personne privée au cours des années précédentes. Il y avait une raison pour empêcher ses premiers obligés de le reconnaitre dans son rôle subséquent d’éducateur public ayant autorité : pendant de longues années la transformation de son mental et de son esprit s’était poursuivie et elle s’était achevée durant le séjour mouvementé sur le mont Hermon.

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